Photo de Marija Smokvarska

Marija Smokvarska

Des corps cellulaires qui communiquent ?

Marija Smokvarska, post-doctorante, étudie la communication intercellulaire des plantes. C’est par une pluvieuse journée de novembre que nous l’avons rencontrée sur son lieu de travail, au Laboratoire de biogenèse membranaire (LBM – université de Bordeaux, CNRS). Le laboratoire est hébergé au sein du site INRAE de Villenave-d’Ornon. Cette rencontre est l’occasion qu’elle nous en dise un peu plus sur son sujet de recherche.

Marija Smokvarska est depuis 2 ans et demi post-doctorante au Laboratoire de biogenèse membranaire situé sur le site INRAE de Villenave d’Ornon. Originaire de Macédoine, c’est en 2015 qu’elle arrive à Montpellier pour suivre un master et un doctorat en biologie végétale. Sa thèse portait sur la signalisation des cellules végétales en cas de sécheresse. Elle travaille actuellement sur les contacts membranaires et le contrôle de la communication intercellulaire chez les plantes.

Et si vous rencontriez votre futur·e employeur·se par hasard ?

Lors de sa deuxième année de doctorat, elle se rend à un séminaire à Montpellier. Son attention est portée sur les dires d’une intervenante en particulier, une certaine Emmanuelle Bayer, directrice de recherche au LBM sur le site INRAE de Villenave d’Ornon, venue pour présenter ses travaux de recherche. La post-doctorante raconte : « J’ai été très étonnée par tout ce qu’elle racontait. » Après obtention de son doctorat, Marija Smokvarska devait penser à son futur. A ce stade, elle est sûre d’elle et veut se lancer dans un post-doctorat. Elle raconte « Une fois ma soutenance passée, j’ai décidé de venir la rencontrer ici [au LBM]. Les choses se sont faites naturellement. » et c’est comme cela que la post-doctorante a été recrutée et que nous avons pu l’interviewer. Concernant ses projets futurs, en 2024, Marija Smokvarska passera le concours des chercheur·se·s du CNRS pour tenter d’obtenir un poste de chargé de recherche. Elle présentera un sujet sur la communication et les échanges entre les protéines des plasmodesmes et les lipides de la membrane plasmique des plantes. Elle aimerait également rester dans ce laboratoire car elle apprécie l’ambiance de travail qui y règne.

Photo de Marija Smokvarska

© Tatiana Sousa Moraes

J’aime bien travailler sur les microscopes car on peut voir les choses inobservables en temps réel.

Schéma montrant les échanges entre deux cellules végétales via les plasmodesmes
© Ziqiang Patrick Li

Des cellules végétales qui ont des choses à dire.

Quand on parle de communication végétale, on ne veut pas signifier qu’il y ait des cellules végétales qui dialoguent ensemble. On parle plutôt d’échanges de molécule entre les cellules. Pour ce faire, les cellules végétales sont perforées et comportent alors des pores membranaires : structures minuscules, mesurant de 50 à 70 nanomètres (nm), observables uniquement au microscope électronique. Ces derniers, aussi appelés plasmodesmes, existent donc entre deux cellules et permettent le passage ou non de différentes molécules. L’usage du microscope est donc obligatoire, la post-doctorante se confie à propos de cet outil : « J’aime bien travailler sur les microscopes car on peut voir les choses inobservables en temps réel. » On retrouve dans les plasmodesmes du réticulum endoplasmique : organelle qui participe à lier deux cellules entre elles et qui produit entre autres des protéines et des lipides. Marija Smokvarska explique : « On travaille sur les protéines qui se localisent dans ces plasmodesmes et on étudie ce qu’il se passe en cas de mutation, c’est-à-dire quand on retire ces protéines de la cellule. On observe alors les changements à l’échelle cellulaire et à l’échelle de la plante entière pour étudier comment son développement est impacté. »

Cellules végétales épidermiques de la racine
© Matthieu Ducros de Bordeaux Imaging Center

Être chercheur·se, est-ce vraiment travailler tout·e seul·e ?

Les scientifiques sont souvent imaginé·e·s comme travaillant tout·e·s seul·e·s dans leur immense et froid laboratoire. Marija Smokvarska n’est pas d’accord avec cette idée. Elle développe : « Faire la science, c’est vraiment un job collectif. Oui, il y a des moments où l’on travaille tout seul mais la grande majorité du temps, on travaille ensemble […]. » Elle ajoute que cette communication scientifique est essentielle pour que « la science bouge et aille de l’avant » et pour que les scientifiques ne perdent pas de temps à travailler sur quelque chose qui a déjà été étudié. « Il y a des chercheur·se·s qui travaillent seul·e·s mais par période, par exemple quand on doit rédiger un manuscrit et lire beaucoup de bibliographies », plaisante-t-elle en se désignant. Elle insiste sur le fait que ses semblables sont toujours présent·e·s autour d’elle si elle a besoin d’aide ou à une question.

Nous avons demandé à Marija Smokvarska si elle avait un objet qui lui tenait à cœur dans sa vie professionnelle ou qui lui rappelait son parcours. Elle nous a montré sa tasse. Elle exprime, nostalgique : « J’ai cette tasse depuis ces deux dernières années car c’était un cadeau de mon encadrant de thèse quand j’ai fait ma soutenance. » Elle raconte que « c’était une très bonne expérience » et que sa thèse s’est vraiment bien passée, tant humainement que scientifiquement. Elle indique que chaque couleur représente une protéine au microscope haute résolution, ce qui ajoute encore plus de valeur sentimentale et de cohérence en lien avec ses études et son passé.

Charlotte Nassoy