SOIGNER LES CORPS

Le corps calleux au cœur de notre cerveau

Le cerveau est, depuis de nombreuses années, au cœur des recherches sur le corps humain. Cependant, les chercheur·e·s ne se concentraient que sur les lobes du cerveau séparément et la communication potentielle entre ces différentes zones n’était que rarement abordée. Il a fallu attendre le développement de l’imagerie cérébrale pour montrer qu’une communication cérébrale existait grâce au corps calleux. Un organe qui intrigue encore aujourd’hui… 

moitié de cerveau en 3D
© Robina Weermeijer - Unsplash

« Un gros paquet de fibres » est la description imagée du corps calleux que fait Emmanuel Mellet, directeur de recherche en neuroimagerie de la cognition au CNRS à l’Institut des Maladies Neurodégénératives. Longtemps mis de côté, car on ne le pensait pas important, le corps calleux est pourtant aujourd’hui considéré comme l’un des éléments clé de la communication cérébrale : c’est un amas de fibres nerveuses qui relient entre elles des régions corticales situées dans les deux hémisphères cérébraux.

L’importance cruciale du corps calleux

Cette communication entre les deux hémisphères est vitale pour coordonner des actions nécessitant la mobilisation de zones normalement non connectées du cerveau. Le corps calleux joue un rôle clé en favorisant l’échange de données sensorielles, cognitives et motrices, contribuant ainsi à l’harmonie du fonctionnement cérébral et à la synchronisation des diverses fonctions mentales et physiques. Cependant, en cas de dysfonctionnement du corps calleux, la communication entre les hémisphères est compromise, ce qui peut se traduire par des troubles cognitifs et neurologiques. Il devient donc essentiel de comprendre le rôle crucial du corps calleux dans la communication interhémisphérique pour appréhender pleinement son impact sur le fonctionnement cérébral.

Au point de repenser le fonctionnement du cerveau ?

 

Emmanuel Mellet raconte : « Ça a presque été une révolution épistémologique de la façon dont le fonctionnement cérébral était perçu. » Autrefois, l’attention était exclusivement portée sur la substance grise, laissant de côté la substance blanche au sein de laquelle se trouve le corps calleux. Cependant, à la fin des années 90, l’introduction de l’IRM (Imagerie par résonance magnétique) a permis une visualisation sans précédent des structures cérébrales. Les études alors réalisées ont ouvert la voie à une exploration approfondie de la variabilité des cerveaux individuels.

En se penchant sur cette variabilité, les chercheur·e·s aspirent aujourd’hui à personnaliser les traitements en fonction des spécificités de chaque individu et de la pathologie neurologique de ce dernier. Ainsi, cette avancée majeure dans notre compréhension de la matière blanche du cerveau offre des opportunités prometteuses pour une médecine plus individualisée et plus efficace.

Lineart visage
© Elisa Riva - Unsplash

Des horizons prometteurs… 

Léna Quartermaine

Le dysfonctionnement du corps calleux pourrait avoir un lien avec certaines maladies neurologiques, comme la schizophrénie. En effet, « Il est possible que la nature des symptômes puisse indiquer le type de schizophrénie et ainsi permettre de développer un traitement adapté à l’individu » explique le chercheur. Considérer la diversité des corps calleux ou des cerveaux plus généralement, notamment dans le contexte des différentes formes de schizophrénie, pourrait donc offrir aux patient·e·s une amélioration de leur qualité de vie grâce à des traitements personnalisés.

D’autre part, l’agénésie du corps calleux, c’est-à-dire l’absence de cette structure, intrigue aussi les scientifiques. La remarquable plasticité cérébrale offre la perspective que 25 % des bébés nés sans corps calleux ne présenteront aucun signe apparent de cette condition. En complément, les avancées de l’IRM in utero pourraient permettre à l’avenir de prédire de manière plus précise l’impact de cette plasticité cérébrale et les cas d’agénésie du corps calleux. Offrant ainsi aux futurs parents une meilleure compréhension de ce à quoi ils peuvent s’attendre. Ces diverses avancées scientifiques ouvrent ainsi de nouvelles perspectives pour la médecine préventive et la compréhension des troubles neurologiques dès le stade de la naissance.