LES CORPS EN SOCIÉTÉ

L’agoraphobie soignée par la thérapie en réalité virtuelle

L’agoraphobie est un trouble anxieux des espaces ouverts et publics. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 2 % de la population française en souffre. Diverses thérapies sont disponibles pour traiter ce trouble, la psychanalyste Anne Roche nous éclaire sur l’une de ces solutions, l’exposition à la réalité virtuelle.

Des personnes dans le métro, l'atmosphère est oppressante.
© Tuğçe Açıkyürek - Pexels

L’agoraphobie entraîne des conséquences significatives sur la vie sociale et professionnelle des personnes qui en souffrent. En général, une personne agoraphobe élabore des stratégies d’évitement de certains lieux tels que les transports en commun, les aéroports, les ascenseurs ou les supermarchés. Psychanalyste à Bordeaux, Anne Roche nous précise que « l’agoraphobie est souvent confondue avec l’ochlophobie, qui est la peur de la foule en tant que masse oppressante »

L’impact de l’agoraphobie sur le corps

L’agoraphobie, tout comme les autres phobies, découle d’un dysfonctionnement de la zone émotionnelle du cerveau, l’amygdale. Cette région cérébrale évalue le potentiel danger d’une situation. Pour une personne phobique, on considère l’amygdale comme hypersensible, engendrant des situations de peur qui ne sont plus proportionnelles au danger réel. Le choix de l’amygdale sera de prioriser instantanément la réaction en chaîne du stress, évitant ainsi une possible analyse rationnelle par le cortex préfrontal. Ce stress provoque une crise qui se formalise par une préparation du corps à une situation de danger (libération d’adrénaline, dilatation des pupilles, accélération du rythme cardiaque et de la respiration…). Cette réaction en chaîne est encore plus rapide si la partie du cerveau responsable de la mémoire, l’hippocampe, a déjà vécu cette même situation.

Une personne avec un casque de réalité virtuelle avec des manettes.
© Tima Miroshnichenko - Pexels

Se soigner via la thérapie par exposition à la réalité virtuelle

Lors d’une séance de TERV, les patient·e·s se placent en condition dans un logiciel simulant des situations phobogènes à l’aide d’un casque et de manettes de réalité virtuelle.

 

Pour traiter l’agoraphobie, Anne Roche travaille par exemple avec la mise en situation virtuelle d’un trajet en ascenseur. Le premier niveau de difficulté consiste à monter d’un étage, puis progressivement au cours des séances la psychanalyste modifie les paramètres en ajoutant des sons, des imprévus ou en modifiant la durée du trajet et la taille de l’ascenseur. Ces ajustements progressifs permettent de jauger l’évolution du niveau d’anxiété des patient·e·s. Afin de faire progresser les logiciels de réalité virtuelle, une base de données est alimentée avec les paramètres les plus utiles à la thérapie.

« Aujourd’hui, l’agoraphobie se soigne très bien. En s’exposant ainsi progressivement à leur phobie, une majorité des patient·e·s retrouve un fonctionnement normal face aux situations et objets qui étaient auparavant source d’une anxiété intense », estime la psychanalyste. En définitif, l’utilisation de la réalité virtuelle ouvre la voie pour surmonter les limites des traitements traditionnels en exposant virtuellement les patient·e·s à leur phobie.

Thomas Tessier