Photographie de la chercheuse Claire Stines-Chaumeil, qui regarde l'objectif.

Claire Stines-Chaumeil

La danseuse étoile aux enzymes

Forte de ses 22 ans de carrière en enzymologie, nous faisons la connaissance de Claire Stines-Chaumeil au Centre de recherche Paul Pascal à Pessac, dans une salle proche de leur bibliothèque. Du baccalauréat scientifique au plus haut diplôme français, la docteure et maîtresse de conférence nous explique son domaine de recherche.

Un parcours riche en expériences

Toulousaine de naissance, c’est à l’âge de 10 ans que Claire Stines-Chaumeil déménage à Metz dans l’Est de la France, où elle passera son baccalauréat scientifique option mathématiques. Ses rêves de danseuse étoile prennent la couleur des sciences en grandissant, à travers des résultats en mathématiques très prometteurs. Une fois le diplôme en poche, Claire Stines-Chaumeil est allée à l’université Henri-Poincaré à Nancy pour commencer sa formation universitaire en biochimie. La future chercheuse peut alors commencer à y mettre en pratiques ses qualités de mathématicienne. Elle a ensuite obtenu un diplôme d’étude approfondie de microbiologie, d’enzymologie et de nutrition. En 2001, la scientifique commence sa thèse au laboratoire de maturation des acides ribonucléique (ARN) et d’enzymologie moléculaire à Nancy, pendant quatre années, sous la direction du professeur Guy Branlant qu’elle rencontra en licence. Ce fut pour elle un mentor durant ces années de formation.

Des enzymes qui sauveraient le corps

Aujourd’hui, cette scientifique travaille sur un projet soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR) dont la fonction est notamment de financer des projets de recherche. L’objectif de Claire Stines-Chaumeil est de trouver une solution aux infections nosocomiales qui mettent en danger le corps des patients hospitalisés. Pour ce faire, la chercheuse et son équipe, étudient le fonctionnement des enzymes. Ce sont des protéines à activités catalytiques (qui accélèrent les vitesses de réaction). Ces dernières peuvent éliminer les bactéries, comme le staphylocoque doré, présentes parfois sur les cathéters urinaires des patients provoquant alors des infections quand certaines sont résistantes aux antibiotiques.

Le travail de Claire Stines-Chaumeil consiste donc à comprendre comment les enzymes fonctionnent au niveau fondamental, puis analyser la relation structure-fonction et enfin les optimiser pour les applications, comme ici, sur les cathéters urinaires. Ce projet est évalué par le technology readiness level, c’est un système d’évaluation de maturité d’un projet. Aujourd’hui au stade quatre-cinq sur neuf, Claire Stines-Chaumeil espère que son travail pourra un jour sauver des vies. Avant cela, il faut passer par plusieurs étapes de collaboration. C’est un autre aspect de la recherche que la chercheuse évoque. Un chercheur n’est jamais seul, il doit toujours échanger avec ses confrères pour faire avancer son projet. Par exemple, les équipes de Claire Stines-Chaumeil n’expérimentent pas sur les souris, c’est pourtant une étape obligatoire. Il faudra donc, au moment voulu, demander à d’autres scientifiques, qui eux le font, de collaborer.

Sonde vésicale

© Revinax.net

Vous devez tout savoir tout le temps

Apprendre et transmettre pour avancer

« Vous devez tout savoir tout le temps » lui répétait son professeur de physique au lycée. La démarche scientifique oblige les chercheur.e.s à constamment se remettre en question et à questionner sa recherche pour être sûr. Et c’est aussi ce que Claire Stines-Chaumeil conseille à ses élèves. Elle met chaque jour à profit son expérience dans le cadre d’enseignements universitaires et forme les chercheur.e.s de demain. L’une de ses plus grandes fiertés est son dernier diplôme en date : l’habilitation à diriger des recherches, plus haut diplôme en France, obtenu en 2020. S’ajoute à cela la réussite de ses élèves. Claire Stines-Chaumeil ne doute pas d’avoir trouvé sa place.

Faut-il être fort à l’école pour faire de la recherche ?

« Mieux vaut avoir de bonnes connaissances de base », nous conseille la chercheuse, « Et dans un monde idéal il faudrait être bon à l’école et en travaux pratiques ». Toutefois Claire Stines-Chaumeil a déjà vu des étudiants se révéler au niveau expérimental malgré quelques lacunes théoriques, car les deux sont liés.

Lors de sa thèse, la radio était souvent allumée au laboratoire. Elle l’était également lors des attentats du 11 septembre 2001. C’est donc un évènement que Claire Stines-Chaumeil a vécu en direct et qui a marqué sa thèse : « Il ne faut pas attendre pour réaliser ses projets que ce soit au niveau professionnel que personnel, ceci a été ma nouvelle philosophie. »

Victoire Hernandez